CHAPITRE XXV

Dans la blancheur étincelante de l’aile médicale du Palais Impérial, les narines agacées par les odeurs médicamenteuses, Terpfen regardait en silence les bulles de la cuve à bacta s’acharner à soustraire à la mort le corps ravagé de Mon Mothma.

Toute la science médicale de la Nouvelle République était mobilisée pour sauver la présidente. En dépit de ces efforts, les écrans de contrôle, insensibles au drame, annonçaient heure par heure l’inéluctable détérioration de l’état de la patiente.

Devant la porte de la chambre, deux gardes en armes interdisaient toute intrusion.

Les cloisons isolées de la pièce assourdissaient les bruits des machines qui maintenaient en vie Mon Mothma. De chaque côté de la cuve, des droïds médicaux s’affairaient sans prêter attention au chef mécanicien.

Près de lui se tenait Ackbar, solide comme un roc.

– Ce sera bientôt fini, dit-il.

Terpfen acquiesça. Il n’était pas pressé de parler à la présidente, même si c’était indispensable.

Dans cette même chambre, l’Empereur lui-même avait suivi de vigoureux traitements censés réparer les dégâts causés par l’utilisation du Côté Obscur de la Force. Cette cuve à bacta très spéciale pouvait-elle guérir la malade ? Sachant pourquoi elle était si mal en point, Terpfen en doutait.

Mon Mothma ouvrit les yeux et regarda ses visiteurs à travers la solution de bacta. Les voyait-elle vraiment, se demanda Terpfen, ou sentait-elle leur présence ?

Qu’importait… La présidente tourna la tête, entraînant avec elle les tuyaux qui lui servaient à respirer. Les bulles couraient le long de son corps, le régénérant lentement.

Mon Mothma lâcha les stabilisateurs qui l’aidaient à rester en équilibre dans la cuve et remonta à la surface. Quand les droïds l’eurent aidé à sortir, elle vacilla, le poids de sa robe trempée semblant trop lourd pour ses épaules.

Ackbar avait raison. Ce serait bientôt fini.

La présidente leva une main pour saluer les deux Calamariens.

– Le traitement me redonne des forces pour une petite heure, dit-elle. C’est chaque jour un peu moins… Bientôt, la cuve ne sera plus efficace et je devrai renoncer à mes fonctions, avant que le Conseil ne me destitue. (Elle regarda Terpfen.) Ne vous inquiétez pas, je sais pourquoi vous êtes là.

Le chef mécanicien sursauta.

– Je ne crois pas que…

– Ackbar m’a tout raconté. Il a examiné votre cas avec attention, et je souscris à ses conclusions. N’ayant pas agi volontairement, vous êtes une victime, pas un coupable. De toute manière, vous vous êtes racheté. La Nouvelle République ne peut se permettre de rejeter des hommes qui entendent continuer le combat. Vous êtes pardonné, Terpfen. N’en parlons plus… (Elle faillit perdre l’équilibre, les deux droïds l’en empêchant in extremis.) Je voulais m’assurer que ce soit fait avant de…

Ackbar s’éclaircit la gorge avec un bruit étrange, comme s’il ravalait des larmes.

– Mon Mothma, vous devez savoir que j’ai décidé de rester et de me battre. Je demanderai à retrouver mon grade, maintenant que je sais n’être pour rien dans la catastrophe de Vortex. Le peuple de Mon Calamari est capable de surmonter bien des épreuves, car il est fort. Mais si la République succombe, reconstruire mon monde sera vain, car les forces du Mal le submergeront un jour ou l’autre.

Mon Mothma sourit à l’amiral.

– Ackbar, vous savoir à nos côtés me fait plus de bien que tous ces fichus traitements ! (Les épaules de la présidente s’affaissèrent, son menton retomba sur sa poitrine. Devant le Conseil, jamais elle ne se fût autorisé pareille manifestation de faiblesse.) Pourquoi la maladie me frappe-t-elle en une heure aussi grave ? Je sais que je suis mortelle, comme tout le monde, mais pourquoi maintenant ?

Terpfen avança vers la cloison transparente, chaque pas lui coûtant un effort surhumain. Les deux gardes brandirent leurs armes, inquiets de voir un traître notoire s’approcher du chef de l’Etat. Quand le Calamarien inclina sa tête couverte de cicatrices, les cerbères se calmèrent, d’autant que Mon Mothma faisait montre d’une grande sérénité.

– C’est pour répondre à cette question que je suis là, Mon Mothma. Car je sais ce qui vous est arrivé.

La présidente le dévisagea, attendant qu’il continue.

Terpfen chercha ses mots. Son cerveau lui semblait si vide maintenant que les « greffes » maléfiques étaient neutralisées. Il avait haï les ordres venus de Carida, mais se retrouver « seul » dans sa tête, sans personne pour le mortifier ou le guider, n’était pas aussi facile qu’il l’aurait cru.

– Vous n’êtes pas malade, Mon Mothma. Vous avez été empoisonnée. (La présidente sursauta mais ne l’interrompit pas.) C’est un produit à action dégénérative, spécifiquement conçu pour votre structure génétique.

– Mais comment y ai-je été exposée ? Etes-vous le coupable, Terpfen ? Je veux dire… cela faisait-il partie de votre programmation ?

– Non ! s’écria le Calamarien, horrifié. J’ai commis bien des mauvaises actions, mais pas celle-là. C’est Furgan qui vous a empoisonnée, devant des dizaines de témoins ! Vous souvenez-vous de la réception, au Jardin Botanique ? L’ambassadeur avait apporté sa propre boisson parce qu’il prétendait que vous vouliez l’assassiner ! Il en avait deux bouteilles. La première contenait un cocktail. L’autre était remplie de poison. Furgan a accompli son forfait au moment du toast, quand il vous a jeté son verre au visage. La substance est passée à travers les pores de votre peau. Depuis, elle s’attaque à vos cellules.

Ackbar et Mon Mothma regardaient Terpfen avec sur le visage la même stupéfaction.

– C’est évident, comment n’y ai-je pas pensé ? dit la présidente. Mais il y a des mois de cela.

Terpfen ferma les yeux, les mots sortant de ses lèvres comme s’il avait récité un texte appris par cœur.

– Furgan voulait que votre fin soit lente et débilitante, pour saper le moral de la Nouvelle République. Un simple assassinat aurait fait de vous une martyre, ralliant peut-être à notre cause des systèmes restés neutres. Aux yeux de l’ambassadeur, un lent déclin symbolisait la déliquescence de la Rébellion.

– Je comprends, dit Mon Mothma.

– Très intelligent, admit Ackbar. Mais que nous apporte cette information, Terpfen ? Que savez-vous sur le poison ? Comment peut-on le combattre ?

Le silence qui régnait dans la tête du chef mécanicien lui parut plus assourdissant qu’un cri.

– Ça n’est pas exactement un poison, plutôt un commando de microscopiques tueurs. Des virus artificiels programmés pour détruire les cellules de Mon Mothma noyau après noyau. Ils ne s’arrêteront pas tant que vous serez vivante, madame.

– Il doit pourtant y avoir quelque chose à faire ! tonna Ackbar.

La tristesse et l’angoisse de Terpfen éclatèrent d’un coup, comme une étoile se transforme soudain en nova.

– Nous n’y pouvons rien ! Savoir la vérité est inutile, car il n’existe pas de traitement.

Les champions de la force
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